Sharktopus est un film d'horreur de type creatures feature réalisé par Declan O'Brien, produit par Roger Corman et diffusé sur SyFy en 2010 (comment ça un copyright de Jaws dans l'affiche ? N'importe quoi !).
Le budget n'a pas été identifiable mais il devrait tourner aux alentours d'un million de Mornilles. Il dure 90 minutes environ.
On apprend par la suite que la créature en question, le Sharktopus, est le résultat d'une expérience de la Navy (comme toujours) en tant que nouvelle arme, mais bien évidemment un accident se produit et le Sharktopus se libère du contrôle de l'équipe scientifique. Ces derniers décident alors d'engager un pseudo expert en la matière pour traquer et le ramener vivant moyennant finances (car les militaires déclinent toute responsabilité sur le projet), tandis que le monstre fête la fin de son asservissement par le massacre de plusieurs couillons de la manière la plus grotesque qui soit. Le problème commun à ce type de films est qu'on essaye d'expliquer la créature par des théories scientifiques toujours plus fumeuses (elle a subi des modifications génétiques et est donc plus agressive, sans oublier ses foutues tentacules greffées au cul !), histoire de faire perdre au film l'once de crédibilité qu'il possédait encore.
On ne veut surtout pas tuer le Sharktopus, qui représente un investissement non négligeable, on tente de lui réimplanter un moniteur de contrôle ; bref ça pue l'idée foireuse... Le projet ne reste pas longtemps secret car une chaîne télévisée locale réussit à filmer la bestiole en pleine action et va tout tenter pour obtenir le reportage de l'année, y compris emmerder ceux qui voudraient capturer le monstre. La tâche ne s'avère pas aussi simple que prévue car le requin semble être le plus malin de la bande et toutes les tentatives se soldent par des échecs cuisants, à tel point que le faux expert, vexé d'être tenu en échec par une poiscaille, décide de le tuer malgré les ordres car c'est dangereux et accessoirement une erreur de la nature (il faut attendre la fin du film pour qu'ils s'en rendent compte, cette bande de tachons).
Le spectateur aura tout de même droit à un combat final à l'ancienne, entre le Sharktopus et le héros qui l'attaque avec...un bâton. La dernière scientifique réussit enfin activer le système d'autodestruction et le requin vole en éclats, puis juste après le générique de fin apparaît à notre grand soulagement...
Réalisation : Je vous rassure tout de suite, Sharktopus n'est pas le meilleur film de Declan O'Brien, il a aussi contribué à la saga Détour Mortel (3, 4 et 5) ; mais la grosse référence du film va être Roger Corman, un monstre du Cinéma qui a lancé plusieurs réalisateurs à succès et a produit plus de 400 films (pas tous des chefs-d’œuvre comme peut le témoigner sa fin de carrière avec Sharktopus ou Dinoshark). Il fait d'ailleurs un caméo de couillon ici.
On retrouve les grands classiques en termes de films d'horreur péraves ; des plans tellement brouillons à en rendre jalouse une brume écossaise, des effets spéciaux qui n'ont rien de spécial si ce n'est leur nullité (et le film est pourtant fier d'annoncer au début la société qui en est à l'origine, de quoi déposer le bilan en une semaine pour cause de mauvaise publicité), des séquences ridicules (le sang gicle sur l'écran à la manière d'un jeu vidéo, les persos tirent sur le monstre mais dans la mauvaise direction, car on a pas aligné les images rajoutées par ordinateur) et un paquet d'incohérences à la fois dans le montage et le scénario (des scènes illogiques, des distances non respectées...). Bref la recette d'une daubasse médaillée !
La quantité de panoramiques et de plans hors sujet font passer le film pour un documentaire sur le Mexique plutôt qu'un film d'horreur (oui ça se passe au Mexique) ; venez visiter nos plages de sable blanc, nos spectacles folkloriques sur musiques traditionnelles, nos señoritas, goûtez notre Tequila (le mot revient au moins 10 fois)... pour aller au plus simple le film contient un nombre de conneries assez monumental, alimenté par plusieurs scènes à caractère burlesque, mais plus pathétiques qu'amusantes.
Sans aucun rapport, on peut entendre un cri Wilhelm lorsque le requin dévore le deuxième fumier qui joue à la baballe sur la plage (31e minute et quelques, si ma mémoire a tenu le coup face à ce défilement d'imbécilités)
Bande-son : Tom Hiel (Swimming with Sharks, Cyclops) est aux platines pour la musique (et oui j'aime prendre des exemples de films qui n'ont aucun rapport). Cette dernière est donc constituée de sons passe-partout angoissants, surtout pendant les scènes d'attaque (soit une bonne partie du film) avec deux ou trois passages improbables, on se croirait plus dans u western spaghetti ! Le reste du temps on laisse place au silence musical, afin que le spectateur puisse se pendre sans être dérangé. Seul le thème principal du film (qui porte son nom) est un minimum accrocheur. Il faut également préciser que le requin pousse des hurlements à faire passer une monture de Nazgûl pour un chaton.
Jeu des acteurs/Personnages : La grosse surprise du film va être Eric Roberts, capable du meilleur comme du pire (Expendables, The Dark Knight, The Immortals et apparemment annoncé dans le casting de Human Centipède 3... je le pensais cinglé mais pas à ce point). Un jeu d'acteur des plus mauvais, même pas foutu de rendre crédible la plus petite émotion, on est limite ravi que les personnages se fassent bouffer !
En parlant des protagonistes, on peut résumer ça en une bande de bras-cassés plus cons que leur création, avec un chasseur beau gosse qui s'intéresse plus à se faire la fille de son patron que ramener la bestiole, sans compter la pléthore de personnages secondaires qui sont là pour faire le décor d'arrière-plan et qui se font massacrer stupidement un par un (en même temps la meilleure arme du film est un fusil d'assaut équipé d'un lance-cailloux). Quelle chance ont-ils donc face à un Sharktopus plus malin qu'eux et surtout polyvalent (il va dans les rochers, le sable, sait grimper et il doit certainement savoir jouer de la cornemuse).
N'oublions pas de signaler le principal attrait de ce type de films : les boobs ! Et celui-là ne fait pas exception à la règle, c'est à se demander si SyFy n'a pas signé un quelconque accord avec un site olé olé pour augmenter son audimat...
Conclusion : Un énième film pourri sur le thème du requin tueur croisé avec un animal marin aléatoire (à quand le Sharknithorynque ?). Possédant un scénario bon pour la poubelle, une réalisation à s'ouvrir les veines deux fois, un jeu d'acteur bon pour le goulag, seul son côté à peu près assumé le sauve de la note la plus honteuse.
Vous pensiez que ce serait fini avec la mort du Sharktopus ? Hélas deux suites sont prévues,
Sharktopus vs Mermantula et Sharktopus vs Pteracuda.
Je vous laisse, j'ai une lettre piégée à écrire au réalisateur...